La Star'Ac envahit le Marais
Pour relancer l'audience de la «Star Ac'», TF1 s'installe dans le quartier branché du Marais. Une culture plutôt «popu» qui risque bien de froisser les people «hype» du quartier - puisqu'on y croise Bob Sinclar, Guillaume Canet, Louise Bourgoin ou le couturier John Galliano...
Révolution à TF1: la chaîne installe ses «élèves» dans un hôtel particulier, au coeur de Paris, où résident de nombreux «people». Les snobs s'étranglent!
Antoine Menusier - le 30 août 2008, 19h54
Le Matin Dimanche
TF1 et Endemol frappent un grand coup de gong cette année. La «Star Academy», huitième du nom, prend ses quartiers dans un hôtel particulier du Marais, au 12 de la rue Charlot. L'adresse, n'en doutons pas, deviendra un passage obligé pour tout ce que la France, la Suisse et la Belgique comptent de fans de l'émission. Un quartier parisien branché - dites «hype» - pour des variétés en perte d'audience: c'est le pari de la grande chaîne française, qui veut redonner du lustre à la «Star Ac'» en l'installant dans un environnement «gay-friendly» et «people» à souhait. Fini, le château reculé de Dammarie-les-Lys, dans le département «bouseux» de Seine-et-Marne. Voici Paris et ses célébrités. Le Marais en héberge un grand nombre.
Depuis qu'il y a élu domicile, le rappeur Joey Starr fait ses provisions de macarons au «Pain de Sucre», l'une des meilleures pâtisseries de la capitale, rue Rambuteau. Le DJ Bob Sinclar et l'acteur Romain Duris, voisins de la rue Charlot, se délectent à la crêperie «Breizh Café», à l'angle des rues Vieille-du-Temple et du Perche. Le couturier John Galliano, après les défilés, emmène son équipe manger au «Baci», rue de Turenne...
En repérage il y a quelques jours rue Charlot, le présentateur de la «Star Ac'», Nikos Aliagas, s'est enfilé une omelette au «Baromètre», situé juste en face du 12, raconte Gérard, le patron du restaurant. Une autre vie commence pour les commerçants et habitants du lieu. Le 19 septembre, ils entameront quatre mois de cohabitation avec l'émission de TF1.
Des ouvriers mettent les bouchées doubles pour que tout soit prêt le jour J. La grande porte cochère est gardée par des vigiles. Impossible de pénétrer dans la cour. Les camionnettes des artisans vont et viennent. «Ça commence déjà à m'énerver, maugrée le gérant d'une boutique de fringues fashion. Ici, c'est un quartier hype; avec la «Star Ac'», on va devenir has been. Je risque de perdre une partie de ma clientèle. C'est simple, si je perds du chiffre d'affaires, je réclamerai un chèque.»
Réflexion similaire d'une vendeuse d'étoffes et de sacs à main: «J'ai une clientèle riche et cultivée, le contraire du public de TF1.» Une galeriste enfonce le clou: «J'en ai rien à foutre de TF1, je n'ai même pas la télé.» Les restaurateurs, eux, voient l'arrivée de ce voisin encombrant d'un oeil plus courtois. Tout juste craignent-ils, comme Martine, de «La Fontaine Gourmande», que le surplus de circulation empêche leur clientèle véhiculée de se garer.
C'est une entreprise immobilière qui loue l'hôtel de Brossier, nom historique du nouveau «château», à la société de production Endemol, détentrice des droits de l'émission. Le maire du IIIe arrondissement de Paris, Pierre Aidenbaum, affirme avoir été mis devant le fait accompli. «C'est faux, assure le gérant de la boutique de fringues, il savait ce qui se tramait.» Une réunion d'information en présence des organisateurs se tiendra le 4 septembre à la mairie du IIIe.
Sans attendre, la rumeur court: les soirs de «prime» de la «Star Ac'», les rues alentours seront bouclées pour permettre le déplacement des «élèves» de leur résidence au studio télé. Un beau souk en perspective. Mais tout n'est pas qu'aigreur de commerçants snobinards. Le même qui dit redouter un virage «has been» du quartier, pense que Nikos Aliagas et sa bande amèneront peut-être un peu de «folie» dans le Marais, véritable boboland. Et les deux bars gays de la rue Charlot, le «One Way» et le «Glove», peuvent espérer un afflux de clients. «It's raining men! Hallelujah!», se réjouit la chanson.»
Grand chambardement attendu
La huitième édition de la «Star Academy» est entourée du secret. L'émission se doit de renouveler le genre. La précédente édition a été marquée par une érosion de l'audience: par deux fois, le concours a été battu par la série américaine NCIS diffusée par M6. Aïe! TF1 ne peut se permettre d'être seconde les soirs de «prime» (le direct, avec notations et élimination des candidats). La chaîne mise beaucoup sur la nouvelle «âme» de la «Star Ac'», Armande Altaï, la prof de chant un peu «allumée», qui avait contribué au succès des trois premières éditions. Une rumeur annonce la présence parmi les membres du jury du Suisse Quentin Mosimann, vainqueur en 2007. La «Star Ac'» pourrait investir la «rue», dans l'esprit new-yorkais de la cultissime série «Fame». L'hôtel particulier de la rue Charlot n'ayant pas de parc de verdure, il est question que les élèves aillent s'aérer au Bois de Vincennes ou au Bois de Boulogne.